Autres pays, autres coutumes…
Il y a parfois dans la vie de grands moments de solitude, doublés d’incompréhension, d’amusement, d’incrédulité, de stupéfaction… Si cela nous arrive déjà dans notre propre pays, avec nos propres langue et culture, que dire de ces mêmes situations, mais à l’étranger, ou avec des étrangers ?
Seul qui n’a pas vu « Bienvenue chez les Ch’tis » pourrait encore ignorer les différences entre les « Français du Nord » et les « Français du Sud ». Et ceux qui connaissent les « Stupeur et tremblements » d’Amélie Nothomb n’oseront plus s’aventurer au Japon sans trembler ! Mais nul besoin d’aller courir à l’autre bout de la planète pour trouver des exemples. Nos proches voisins européens suffisent !
Essayez donc de faire votre créneau en voiture dans une rue en Allemagne, mais avec une technique bien française : un petit « bing!- devant-ah-c’est-bon-je-suis-au-maximum », petit « bing !-derrière-là-aussi-maximum ». Le tout deux ou trois fois, et on est aussi bien rangé qu’un œuf dans sa boite.
Attention, je vous le rappelle : vous êtes en Allemagne ! Oubliez immédiatement cette technique ou vous risquez un malus à votre prochaine cotisation d’assurance voiture ! En Allemagne, toucher un véhicule avec le sien est le début d’un accident. Et si le conducteur n’est pas dans sa voiture, vous pourriez néanmoins être accusé de délit de fuite par un témoin qui aurait tout vu.
Bon, votre créneau est fait, à l’allemande bien sûr ! Juste le temps de passer chercher des fleurs pour ne pas arriver les mains vides à votre invitation de ce soir. Mais, ô comble du désespoir, le papier que la fleuriste utilise pour emballer votre beau bouquet est d’une laideur affligeante, type papier recyclé gris/marron. Et bien non, les Allemands n’ont pas plus mauvais goût que les raffinés Français en matière d’emballage. En revanche, il est de coutume de retirer le papier qui entoure les fleurs au moment de les offrir : il n’y a plus qu’à les mettre dans le vase ! Et il était donc totalement inutile d’utiliser un joli papier transparent en plastique (merci l’environnement !) pour le transport.
Retour chez nous. Ah, la France, pays du bon goût et de la Gastronomie (avec un grand G, bien sûr !). A la carte ce soir, cuisses de grenouilles ! Si nous avons identifié depuis longtemps le dégoût que cela inspire à nos amis britanniques, ils sont loin d’être les seuls à être de cet avis, et cela me fait penser au ragoût de chien servi en Chine, qui déclenche chez nous le même type de réaction.
A ce sujet, petite anecdote vécue dans un restaurant du Vieil Antibes il y a quelques années. Un couple d’Anglais avait commandé un pavé de bœuf… bien cuit. Une hérésie pour les « vrais » Français que nous sommes ! A tel point que le chef est sorti illico presto de sa cuisine pour essayer de convaincre ses convives de choisir une autre cuisson, argumentant que cette cuisson enlevait tout son goût à cette viande et que ce serait vraiiiiiiiment dommage de gaspiller de la bonne marchandise ainsi ! Autres pays, autres coutumes…
J’ai eu récemment une discussion sur les systèmes de notations scolaires en Allemagne. Si en France, la meilleure note est 20, et la plus mauvaise zéro, les Allemands ont un autre système où la meilleure note est le 1, et la plus mauvaise le 6. Si la remarque spontanée de mon interlocutrice française fut de dire : « Mais ce n’est pas du tout logique ! », ma réponse fut tout aussi spontanée : «Logique pour qui ? ».
Qu’est ce qui détermine la logique ? Est-ce une affaire de culture ? de mentalité ? d’éducation ? Ce qui est logique pour une personne ne le sera pas forcément pour une autre. Et les Allemands sont tout aussi surpris de notre système de 0 à 20, qui sera également différent du système britannique, finlandais, coréen…
Enrichissons-nous de nos différences ! Prenons du recul par rapport à notre propre culture en nous posant la question : « Et nous, que faisons-nous que d’autres cultures pourraient ne pas comprendre, ou pas comme nous l’imaginons ? ». Et surtout, surtout, ouvrons notre esprit aux autres, dans un esprit bienveillant d’écoute, de partage et de tolérance, en nous gardant de tout jugement de valeur (même si parfois, c’est trèèèèès difficile…)
C’est ce que nous tentons de faire au quotidien, dans nos formations en langues, où la culture, la communication et l’écoute tiennent un rôle essentiel à côté des aspects plus théoriques de la langue.